Jugements sur Spinoza
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A la lecture de Spinoza on est saisi du même sentiment qu'à l'aspect de la grande Nature dans son plus vivant repos : une forêt de pensées, hautes comme le ciel, dont la cime ondoyante se couvre de fleurs, tandis qu'elles poussent dans la terre éternelle des racines inébranlables. | A la lecture de Spinoza on est saisi du même sentiment qu'à l'aspect de la grande Nature dans son plus vivant repos : une forêt de pensées, hautes comme le ciel, dont la cime ondoyante se couvre de fleurs, tandis qu'elles poussent dans la terre éternelle des racines inébranlables. | ||
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''Lettre à M. Gentili''. Février 1889. | ''Lettre à M. Gentili''. Février 1889. | ||
− | Voir aussi : Sur le Court Traité de Spinoza | + | Voir aussi : [[Sur le Court Traité de Spinoza]] |
==Nietzsche - philosophe allemand, XIX°== | ==Nietzsche - philosophe allemand, XIX°== | ||
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''Lettre à D'Alembert'' | ''Lettre à D'Alembert'' | ||
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Version actuelle en date du 25 janvier 2012 à 15:00
Jugements, appréciations d'auteurs connus sur Spinoza.
[modifier] Alain - philosophe français, XX°
Spinoza, le plus rigoureux et le plus sûr des maîtres à penser, est le modèle de l'homme libre.
[modifier] Bayle - historien et philosophe français, XVII°
Spinoza, un athée de système. Ainsi, dans le système de Spinoza, tous ceux qui disent : les Allemands ont tué dix mille Turcs, parlent mal et faussement, à moins qu'ils n'entendent : Dieu modifié en Allemands a tué Dieu modifié en dix mille Turcs ; et ainsi toutes les phrases par lesquelles on exprime ce que les hommes se font les uns aux autres n'ont pas d'autre véritable sens que celui-ci : Dieu se hait lui-même, il se demande des grâces à lui-même et il se les refuse ; il se persécute, il se mange, il se calomnie, il s'envoie sur l'échafaud, etc.
Dictionnaire historique et critique, 1756.
[modifier] Bergson - philosophe français, XX°
On pourrait dire que tout philosophe a deux philosophies, la sienne et celle de Spinoza.
[modifier] Einstein - physicien allemand, XX°
Je crois au Dieu de Spinoza, lequel se révèle dans l'harmonie ordonnée de ce qui existe, non en un Dieu qui se soucie de la destinée et des actions des êtres humains.
Telegram of A.Einstein, 1929
Combien j'aime cet honnête homme
Plus qu'avec des mots ne puis le dire.
Pourtant crains qu'il ne reste seul
Avec son auréole rayonnante.
A propos de l'Ethique de Spinoza
[modifier] Freud - médecin autrichien, XX°
J'avoue volontiers ma dépendance à l'égard des enseignements de Spinoza. Si je n'ai jamais pris la peine de citer directement son nom, c'est que je n'ai pas tiré mes présupposés de l'étude de cet auteur mais de l'atmosphère créée par lui. Et parce que je n'avais rien à faire d'une légitimation philosophique.
Lettre à Bickel.
[modifier] Hegel - philosophe allemand, XVIII°
Spinoza est un point crucial dans la philosophie moderne. L'alternative est : Spinoza ou pas de philosophie... La pensée doit absolument s'élever au niveau du spinozisme avant de monter plus haut encore. Voulez-vous être philosophes ? Commencez par être spinozistes ; vous ne pouvez rien sans cela. Il faut avant tout se baigner dans cet éther sublime de la substance unique, universelle et impersonnelle, où l'âme se purifie de toute particularité et rejette tout ce qu'elle avait cru vrai jusque-là, tout absolument tout. Il faut être arrivé à cette négation, qui est l'émancipation de l'esprit.
Philosophie de l'Histoire, tome V.
Voir aussi la présentation hégélienne de Spinoza.
[modifier] Heine - poète allemand, XIX°
A la lecture de Spinoza on est saisi du même sentiment qu'à l'aspect de la grande Nature dans son plus vivant repos : une forêt de pensées, hautes comme le ciel, dont la cime ondoyante se couvre de fleurs, tandis qu'elles poussent dans la terre éternelle des racines inébranlables.
[modifier] Kant - philosophe allemand, XVIII°
L'homme qui rumine tombe dans la mystique. (...) C'est de là que vient le système monstrueux de Lao-Tseu, selon lequel le bien suprême consisterait dans le néant, c'est-à-dire dans la conscience de se sentir englouti dans l'abîme de la divinité en se fondant en elle et, donc, en y anéantissant sa personnalité (...). D'où le panthéisme (des Tibétains et d'autres peuples orientaux) et le spinozisme que la sublimation métaphysique du panthéisme a produit à sa suite : ces deux systèmes sont étroitement liés au très vieux système de l'émanation selon lequel toutes les âmes humaines émanent de la divinité et s'y résorbent finalement.
La Fin de toutes choses.
[modifier] Lagneau - philosophe français, XX°
Vous ne me demandez pas, je pense, si la doctrine de Spinoza, sur les points qui vous irritent, est intelligible jusqu'au fond, c'est-à-dire est la vérité (je suis loin de le croire), mais seulement si, dans les limites où Spinoza l'a conçue, on peut l'accorder avec elle-même : je crois qu'on le peut. La difficulté que vous y trouvez tient, ce me semble, à ce que vous ne dépouillez pas les termes de Spinoza de tout sens qui ne résulte pas de ses définitions.
Lettre à M. Gentili. Février 1889.
Voir aussi : Sur le Court Traité de Spinoza
[modifier] Nietzsche - philosophe allemand, XIX°
Je suis étonné, ravi ! J'ai un précurseur et quel précurseur ! Je ne connaissais presque pas Spinoza. Que je me sois senti attiré par lui en ce moment relève d'un "acte instinctif". Ce n'est pas seulement que sa tendance globale soit la même que la mienne : faire de la connaissance, l'affect le plus puissant - en cinq points capitaux je me retrouve dans sa doctrine ; sur ces choses ce penseur, le plus anormal et le plus solitaire qui soit, m'est vraiment très proche : il nie l'existence de la liberté de la volonté ; des fins ; de l'ordre moral ; du non-égoïste ; du Mal ; si, bien sûr nos divergences sont également immenses, du moins reposent-elles sur les conditions différentes de l'époque, de la culture, des savoirs.
Lettre à Overbeck du 30 juillet 1881.
[modifier] Nizan - écrivain français, XX°
Spinoza n'est pas du parti des exploiteurs. Nous ne nous tolérerons pas nous-mêmes sans la totalité. Spinoza dit : acquiescentia in se ipso. C'est ce que nous exigerons. L'essentiel consiste à s'accepter.
La conspiration
[modifier] Novalis - poète allemand, XIX°
Spinoza : ivre de Dieu.
[modifier] Renan - historien français, XIX°
La lecture de Spinoza nous saisit comme l'aspect de la plus grande nature dans son calme vivant, c'est une forêt de pensées hautes comme le ciel, dont les cimes fleuries s'agitent en mouvements onduleux, tandis que les troncs inébranlables prolongent leurs racines dans la terre éternelle. Malheur à qui, en passant, enverrait l'injure à cette figure douce et pensive. Lui, de son piédestal de granit, enseignera à tous la voie du bonheur qu'il a trouvé, et dans les siècles, l'homme cultivé dira en lui-même : "c'est d'ici peut-être que Dieu a été vu de plus près".
Œuvres Complètes, 1913.
[modifier] Schleiermacher - écrivain allemand, XIX°
Sacrifiez avec moi une boucle de cheveux aux mânes du saint et méconnu Spinoza ! Le sublime du monde le pénétra ; l'infini fut son unique et éternel amour ; vivant dans une sainte innocence et dans une humilité profonde, il se mira dans le monde éternel et il vit que lui aussi était pour le monde un miroir digne d'amour ; il fut plein de religion et plein de l'Esprit saint ; aussi nous apparaît-il solitaire et non égalé, maître en son art, mais élevé au-dessus du profane, sans disciple et sans droit de bourgeoisie.
Cité par Émile Saisset dans son Introduction critique aux Œuvres de Spinoza
[modifier] Voltaire - écrivain et philosophe français, XVIII°
Je ne connais que Spinoza qui ait bien raisonné mais personne ne peut le lire.
Lettre à D'Alembert